La précarité du marché de l’emploi dans nos pays ne laisse pas véritablement place à la question de choix, ni d’aspirations professionnelles, il s’agit pour la plupart des jeunes professionnels de sauter sur la première occasion qui offre des perspectives de gagner un salaire à la fin du mois, même si celui-ci n’est pas décent. Comment parler donc de plan de carrière dans ce contexte ? Comment parler de projet professionnel ? On ne compte plus le nombre de personnes qui ont été formées dans un domaine et qui aspirent à évoluer dans ledit domaine, mais qui, par la force des choses, évoluent dans un tout autre métier où elles sont condamnées à se former tant bien que mal sur le tas.
Sur le site de l’Organisation Internationale du Travail, on peut lire que « En Afrique subsaharienne, les taux de chômage restent relativement faibles car la grande majorité des jeunes actifs au travail ne peut pas se permettre de ne pas travailler. Cependant, ces jeunes souffrent régulièrement de sous-emploi et du manque de conditions de travail décentes. Sur les 38,1% du total de travailleurs pauvres en Afrique sub-saharienne, les jeunes représentent 23,5%. Les jeunes femmes ont tendance à être plus défavorisées que les jeunes hommes dans l’accès au travail et font face à des conditions de travail pires que leurs homologues masculins. L’emploi dans l’économie informelle ou l’emploi informel est la norme. ». Ces chiffres ont certainement évolué avec le temps, mais il reste vrai que l’accès à un emploi décent, même pour des diplômés, reste alambiqué.
Pour déchiffrer le marché de l’emploi en Afrique subsaharienne, il faut interpréter les motivations des acteurs qui le constituent et en analyser les stratégies. Quelles sont les aspirations d’un jeune diplômé d’une grande école de commerce ? Quelles stratégies met-il en place pour arriver à décrocher son premier boulot ? Comment comprend-t-il les enjeux du marché et l’impact des opportunités dans l’évolution de sa carrière professionnelle ? En principe, un jeune diplômé souhaite intégrer le milieu du travail à travers une opportunité qui lui permettra de mettre en pratique tout ce qu’il a appris durant ses années universitaires, tout en espérant être coaché et mentoré pour développer ses compétences. L’offre est largement plus grande que la demande et seuls les meilleurs, les mieux avisés et les plus curieux réussissent à dégoter l’opportunité de rêve.
En général, il s’agit des Programmes de jeunes Professionnels ou Young Professional Program en anglais qui sont développés par les multinationales et permettent à des cohortes de jeunes talents d’intégrer une grande entreprise et de se former pendant une période pouvant aller jusqu’à 24 mois. Il s’agit des programmes comme celui de Diageo, Nestlé, Orange, ou encore des ONG comme la Banque Africaine de Développement ou les Nations Unies pour ne citer que ceux-là. Le but de ces programmes est de recruter de jeunes diplômés qui seront développés dans leur domaine de compétences et à qui des postes seront offerts à la fin du stage.
Ces multinationales utilisent de tels programmes pour formater des jeunes pleins de potentiel afin de leur permettre d’évoluer dans l’entreprise en ayant intégré les valeurs et le style de travail. C’est un couloir privilégié pour les entreprises, mais également pour les diplômés car il favorise le développement des compétences et un emploi stable et bien rémunéré pendant une période relativement longue. De plus, la renommée de ces programmes et des organisations qui les développent est un véritable catalyseur de carrière.
Ceux qui n’ont pas accès à ce type d’opportunités, ont le choix entre des stages de perfectionnement dans des entreprises moins grandes, avec une possibilité de développer plus de compétences par le biais des formations courtes dont la plupart est disponible sur internet. Il ne s’agit pas uniquement de formations techniques, mais également des formations autour du travail en équipe, de la communication en entreprise, de la gestion d’équipe, de la pensée critique, de la créativité, etc. De nombreux sites offrent des cours en ligne et des Massive Open Online Courses (MOOC) qui sont des cours en ligne ouverts à tous. Le parcours initial dans les entreprises n’étant pas aussi encadré que dans un programme de jeunes professionnels, il dépend du professionnel de créer un environnement qui contribue à son développement personnel et professionnel.
Dans ce contexte, se trouver un mentor ou un coach revient à celui qui en a besoin, et cela signifie de chercher dans sa liste de contacts, de connaissances, une personne qui remplit certains critères qu’on aura défini soi-même en fonction de son besoin. Cette personne, si elle accepte, aura la charge de transmettre les bonnes pratiques pour un épanouissement dans le monde du travail. Encore faut-il savoir comment s’y prendre pour recruter un bon mentor/ coach qui soit à même de nous guider pour le développement de notre carrière en fonction des opportunités et des objectifs à court, moyen et long termes.
Il n’existe pas un parcours bien défini qui permette aux jeunes diplômés de trouver un emploi après leurs études. Si quelques grandes écoles garantissent de meilleures chances aux plus brillants, la bonne information au bon moment reste un facteur essentiel dans l’accès au premier emploi. Une étude qui a été menée sur une centaines de jeunes dans la région a révélé que plus de 40% de cette population a trouvé son premier emploi tout simplement en postulant à une annonce postée sur internet. Contrairement à une idée reçue suffisamment répandue, seulement 20% de cette population a eu son premier emploi par le biais d’une connaissance. A ce sujet, il faut dire que la probabilité qu’une connaissance trouve des opportunités d’emploi dépend largement de son niveau d’influence dans son propre cercle social. La plus grande garantie de trouver du travail reste la bonne information au bon moment. Avoir la bonne information c’est savoir quand les offres d’emploi sont disponibles et quel est le besoin réel. La première étape dans la recherche d’emploi n’est pas le peaufinage du CV, mais de savoir où se trouve l’information et de l’utiliser à bon escient.