Un certain nombre de difficultés jonche le parcours des chercheurs d’emploi, que ces derniers soient des jeunes diplômés ou des professionnels en poste et souhaitant un nouvel élan dans leur carrière. Lorsque l’on se lance dans une démarche de recherche active, il est important d’accepter que celle-ci ne sera pas toujours un long fleuve tranquille. Bien que ceci semble assez simpliste et assez ordinaire comme recommandation, il est nécessaire (et il le sera plus encore dans les années à venir), de mettre une emphase sur les obstacles potentiels que rencontreront nombreux chercheurs d’emploi. S’il est vrai que tous ne seront pas logés à la même enseigne, que ceci soit vu de manière positive ou non, c’est aussi une réalité.
Lors de la poursuite de ses études, un jeune étudiant est généralement galvanisé par le choix de son cursus, surtout s’il a la chance d’être encadré par des enseignants aux méthodes pédagogiques dynamiques et interactives, qui créent un fort intérêt et une constante envie d’apprendre. Le choix du diplôme et cursus est donc primordial car il va aussi déterminer la filière professionnelle dans laquelle on compte faire carrière. Cette galvanisation et cette énergie positive est par ailleurs aussi liée au fait que plusieurs universités vendent leurs diplômes comme étant les meilleurs, les plus compétitifs sur le marché et garantissent un accès quasi immédiat à un emploi décent. Nous le voyons bien, tous les ans les classements paraissent via de nombreux sites internet plus réputés les uns que les autres, ou via des magazines spécialisés. Ils jouent le jeu et permettent à ces universités d’attirer de plus en plus de candidats chaque année: plus les candidats sont nombreux, plus l’accès est difficile et plus le caractère sacré desdites universités et de leurs cursus s’accentuent. Il n’est pas nécessaire de détailler ici les critères retenus pour ces classements. Quelques-uns cela dit sont plus alléchants que d’autres, tels que le taux d’employabilité après l’obtention du diplôme ainsi que le salaire médian d’entrée. Cela peut suffire à déterminer un choix et à donner assez de motivation à tout jeune étudiant de tout mettre en oeuvre pour avoir accès au Graal que constituerait une telle ou telle université ou grande école. Néanmoins, y a-t-il véritablement au bout de ces études, des offres d’emploi qui se concrétisent rapidement? Ces salaires annoncés sont-ils proches de la réalité? Il semble que cela ne soit pas toujours le cas.
Il ne semble pas que les jeunes diplômés aient toujours été préparés à la dure réalité du marché de l’emploi. Premièrement, combien d’écoles, universités en Afrique, ont des modules de recherche d’emploi? Nous n’avons pas ici un chiffre précis à avancer mais les retours d’expérience montrent que peu voire aucune n’en propose. Ceci est une erreur que paye ces jeunes diplômés, lâchés dans une arène dans laquelle ils n’ont de repère, que le seul papier qui leur a été décerné à la fin d’un parcours de trois à cinq années d’études, souvent plus. Ils ne savent pas comment rédiger un CV ou une lettre de motivation de manière efficace, et quand bien même ils passeraient l’étape de cette présélection, il reste la conduite de l’entretien à laquelle ils ne sont également pas préparés. Ce qu’il faut dire, comment se présenter, comment marketer son profil et le peu d’expérience que l’on a, voire l’absence totale de celle-ci lorsque l’on n’a pas eu l’occasion de faire des stages académiques… Autant d’éléments qui rendent l’accès à leur premier emploi difficile. Mais pas que.
Le choix des études est très important et déterminant pour la carrière que l’on va mener, au moins lors des premières années. Un article publié par l’Université de Genève, montre que le choix des études est déterminé et orienté de manière variée, à savoir: par intérêt, afin de réaliser son rêve par exemple. Par défaut, lorsque nous n’avons pas une idée claire sur le choix des études, lorsque ce choix est dicté par une pression familiale également. Sur la base statutaire, choix dicté par le statut que la profession nous apportera dans la société mais aussi par l’aspect rémunérateur de celle-ci. Mais également le critère de l’épanouissement, qui peut inclure la satisfaction personnelle que ces études apporteront. Il ne revient pas ici de dire quel est le critère le plus important mais de mettre l’accent sur le fait que le mauvais choix, celui guidé par les mauvaises raisons, peut avoir un impact négatif par la suite et des conséquences certes rattrapables, mais qui elles peuvent avoir un impact long sur la motivation à continuer dans un tel ou tel domaine. Afin de palier ceci, plusieurs pistes sont envisageables, selon le contexte dans lequel on se trouve. Les conseillers d’orientation, que ce soit au lycée ou l’université (lorsque celles-ci en ont), sont une ressource non négligeable. Les salons organisés afin que les universités présentent leurs diplômes et cursus sont également importants et peuvent permettre d’affiner son choix. Une démarche plus active de recherche d’association d’anciens étudiants avec qui on peut entrer en contact et avoir une idée plus “réelle et concrète” est à encourager. Le bon choix, la préparation à la recherche d’emploi, sont également à mettre en perspective avec d’autres éléments.
Les jeunes diplômés, arrivent sur un marché très compétitif, où les offres peuvent se faire rares, où ils se rendent compte du nombre de leurs pairs qui ont reçu la même formation, souvent avec un avantage en plus: grande école, apprentissage d’une langue supplémentaire, stages académiques dans un contexte international, expérience de volontariat, semestre d’échange avec des universités étrangères, tel que cela est le cas dans le cadre de la démarche Erasmus en Europe, où il est possible pour les étudiants notamment en année de Master, d’aller effectuer un semestre dans une université d’un autre pays européen. Cela confère un levier car participe à la construction d’un profil international très tôt, et à un enrichissement culturel, qui est souvent prisé par les entreprises. Une approche similaire pourrait être efficace sur le continent africain également. Dans ce cadre par exemple, le projet MOSE-FIC, est un exemple à suivre de près. Il s’agit d’un partenariat impliquant trois universités – Université de Technologie de Troyes, Université de Mons, Université Technologique de Sofia – dédié à la formation des ingénieurs et au Cameroun, afin que ces derniers aient des méthodes plus acérées et plus adaptées au contexte dans lequel ils évoluent. Les partenaires camerounais sont l’Université de Buea, l’Institut Saint-Jean, l’Ecole Nationale Supérieure de Polytechnique, l’UCAC-ICAM. Des initiatives telles que celle-ci sont bien sûr à encourager et à développer sur l’ensemble du territoire, également entre universités Africaines. La compétitivité du marché est donc un élément crucial à prendre en compte, tant qu’il incorpore tel que noté plus haut, une raréfaction des offres dans certains domaines, ce qui peut être dû au contexte économique dans lequel on se trouve, mais également à une offre inférieure à la demande (d’où précédemment, faire un choix avisé peut s’avérer porteur lors de la recherche d’emploi).
A l’ère des réseaux sociaux, qui se sont multiplié ces dix dernières années, il est également primordial d’en faire un usage bien ciblé afin d’en tirer profit. Créer et alimenter un profil sur une plateforme telle que LinkedIn est une piste solide et non négligeable. Il s’agit d’une vitrine par laquelle de futurs employeurs peuvent avoir accès aux profils de chercheurs d’emploi, et par laquelle ces derniers peuvent répondre à des annonces publiées, ainsi que rejoindre des réseaux et groupes professionnels, contacter directement des recruteurs… Les entreprises disposent aussi de pages représentatives sur des plateformes telles que Facebook, Twitter ou Instagram. Suivre leur activité, interagir sur ces pages, participer aux discussions qu’elles y organisent lors de live-tweet par exemple peut s’avérer efficace, si on peut se démarquer auprès d’un potentiel futur recruteur. Il faut soigner son profil et son image, sa communication sur ces réseaux notamment lorsqu’on échange avec des comptes professionnels. Lier ceci au networking, à la participation à des événements professionnels, aller à la rencontre d’entreprises lors de portes ouvertes et mettre en avant son profil.
Il est donc crucial d’armer les futurs chercheurs d’emploi avec les outils qui leur permettront de développer leur employabilité. Ceux-ci sont variés et le constat que nous faisons est qu’en plus de l’éducation académique qu’ils reçoivent, un apprentissage pratique, pragmatique, concret et réaliste du terrain est tout aussi important. Plus tôt il sera reçu, mieux il contribuera à aider ces jeunes diplômés à faire face aux difficultés qu’ils pourront rencontrer. Une aide pratique à la recherche d’emploi avec des modules de formation, ne serait-ce que de quelques heures, pourrait montrer son efficacité. Un choix aguerri du diplôme, de ses débouchés : divers postes/métiers accessibles, les secteurs qui recrutent, le taux d’employabilité dans la région/le pays dans lequel on se trouve et/ou compte s’établir… sont autant d’éléments à prendre en considération. Se construire un profil que l’on pourra exporter dans d’autres pays devient de plus en plus nécessaire. Dans une économie globale où la mobilité est de plus en plus accentuée, les parcours professionnels ne sont plus figés et tout au contraire, sont très dynamiques. On peut obtenir un diplôme au Sénégal, effectuer des stages au Ghana et obtenir un premier emploi au Nigéria, suivi d’un autre en Afrique du Sud… Ce type de parcours est de moins en moins atypiques et est même encouragé. Participer à des programmes d’échanges lorsque cela est possible est une clé à utiliser. Se former à d’autres langues, utilisées dans le monde du travail restera toujours utile, qu’il s’agisse du français, de l’anglais, l’espagnol ou l’arabe. L’apprentissage d’une nouvelle langue est un acquis de valeur et qui peut permettre de se différencier lors d’une recherche d’emploi. En somme, ne pas se reposer sur ses lauriers académiques, mais voir plus grand et plus loin, en mettant à profit un certain nombre d’outils et de démarches qui donneront les moyens d’avoir plus d’accessibilité à un premier emploi.